C’est en 1984, dans les carrières
Lafarge de Belmont
(Rhône) que furent découverts les restes de ce qui est
probablement le plus grand ichtyosaure jamais trouvé en
France.
Le squelette fossilisé, conservé en grande partie et
long de près de 10 m, gisait dans des marnes diversement
colorées, datées du Toarcien moyen par les ammonites
présentes dans le même banc (Hildoceras,
Pseudolioceras) et les très nombreux rostres de
bélemnites. Les premières vertèbres, dégagées par un des
engins de l’exploitation, furent repérées par deux
membres de la section « Géo-Paléo » du Comité
d’Entreprise Lafarge, venus prospecter un vendredi soir.
La découverte étant considérable, il importait de
poursuivre les fouilles avant la reprise des travaux
d’exploitation le lundi suivant. Avec l’autorisation du
Directeur de l’usine Lafarge, M. Barrow, ce fut donc un
groupe important de la section « Géo-Paléo » qui
consacra son week-end, jours et nuits, à l’extraction et
à l’enlèvement du fossile.
Le dégagement des ossements et la restauration du
squelette, d’après les photos et les relevés de terrain,
occupèrent la même équipe de bénévoles pendant près de
deux ans. Mais se posa alors la question de la
destination de l’animal. Le Muséum de Lyon n’étant pas
intéressé et le Musée de Pierres folles n’existant pas à
cette époque, ce fut finalement le
Musée de la mine,
à Saint Pierre-la Palud (Rhône), qui proposa
d’accueillir le reptile et l’exposa dans une salle
spécialement construite à cet effet. L’ichtyosaure y est
présenté sur un plan incliné dans l’exacte position
qu’il occupait sur le terrain.
Le Musée
Espace Pierres folles,
essentiellement consacré à la divulgation des Sciences
de la Terre, ouvrit ses portes en 1991. De nombreux
fossiles découverts dans les carrières Lafarge y sont
présentés au public et le grand reptile aurait bien
évidemment eu sa place parmi eux. Il n’était pas
possible de le récupérer, la seule solution consistait
donc à en réaliser un moulage, comme l’autorisait la
convention signée avec le Musée de la Mine. Ce beau rêve
mit longtemps à se concrétiser et ce n’est qu’à
l’occasion de la restructuration du
Musée
Espace Pierres folles,
en mars 2007, que les disponibilités financières et en
personnel permirent la réalisation de la copie.
L’opération s’est déroulée en plusieurs temps, sous la
conduite d’Abel Prieur, conservateur des collections de
Paléontologie
à l’Université
Claude
Bernard-Lyon I
:
Première phase : réalisation de la matrice composée de
trois couches de silicone, maintenues par une coque
constituée de trois couches de mat de verre et
polyester, l’ensemble représentant une surface totale
d’environ 20 m². Durée : une semaine de travail pour une
douzaine de bénévoles (soit plus de 600 heures de
travail.
Deuxième phase : réalisation de la copie en plusieurs
étapes : coloration du moule, application de deux
couches de gelcoat puis, après séchage, application d’un
voile de fibres de verre et de trois couches successives
de mat de verre avec polyester. Poids de la copie : 200
kg environ.
Dernière phase : mise en place sur une
des parois intérieures du musée de
l’Espace
Pierres folles. Le moulage y voisine
avec des panneaux explicatifs et une vitrine présentant
d’autres vestiges osseux de reptiles marins
(ichtyosaures et plésiosaures), provenant du même site.
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