Une équipe de
paléontologues français, anglais, slovaques et
estoniens a découvert le fossile d'un ichtyosaure,
reptile marin de 180 millions d'années, en parfait
état de conservation, dans la carrière de la
cimenterie Lafarge de Val d'Azergues.
Les fouilles menées par
l'association
Paleorhodania se sont concentrées cette
année sur trois niveaux stratigraphiques
particuliers datés du Jurassique inférieur qui ont
déjà livré des fossiles intéressants comme de
nombreuses vertèbres d'ichtyosaures, un morceau de
crâne de crocodile, ou encore un tronc d'arbre.
L'équipe, composée de jeunes docteurs en
Géosciences, de plusieurs scientifiques étrangers et
d'étudiants de différentes universités européennes
et encadrée par les membres de la Section
Géologie-Paléontologie de la
cimenterie Lafarge,
avait pour but de récolter des fossiles de vertébrés
d'origine marine pour les étudier et reconstituer
leurs conditions de vie. "II s'agit aussi
d'étudier le contexte climatique de l'époque, de
voir comment les animaux se sont adaptés au
réchauffement climatique rapide qui a sévi à
l'époque du Toarcien", explique Guillaume Suan,
enseignant-chercheur en sédimentologie à
l'Université Claude Bernard Lyon 1 et qui codirige
les fouilles.
En cassant un nodule, sphère minérale d'environ une
demi-tonne, les chercheurs ont identifié une série
de vertèbres d'ichtyosaure les unes à la suite des
autres ; après un travail minutieux de plusieurs
heures, les mâchoires du reptile marin préhistorique
sont apparues.
L'ichtyosaure, qui mesure deux mètres de long, est
aujourd'hui prisonnier du nodule, qui a assuré sa
parfaite
conservation pendant 180 millions d'années.
Ce spécimen d'ichtyosaure est réellement
exceptionnel car complet et préservé en 3
dimensions. Il faudra de très nombreuses heures de
travail pour dégager complètement le squelette sans
endommager les os et les possibles traces de parties
molles (telles que l'estomac) préservées dans la
cage thoracique.
Une carrière qui passionne géologues et
paléontologues depuis 30 ans.
La qualité et la diversité géologique de la
carrière suscitent l'intérêt des géologues
professionnels et amateurs. En effet, ce site expose
des niveaux sédimentaires marins datés du Jurassique
inférieur s'étendant de - 183 millions d'années à -
175 millions d'années.
Depuis trois décennies, Lafarge mène une politique
d'ouverture de ses terrains aux passionnés de
géologie et de paléontologie. Pour cela,
l'entreprise réserve une partie du site qui alimente
sa cimenterie aux recherches des scientifiques, en
partenariat avec l'association Paleorhodania dirigée
par de jeunes chercheurs (Université Claude Bernard
Lyon 1, Université de Strasbourg, Muséum de
Stuttgart, Université de Bristol et Université
d'Uppsala), le musée des Confluences et l'Espace
Pierres Folles.
L'inventaire et la sauvegarde du patrimoine
géologique de la carrière ont entraîné un véritable
engouement autour des vestiges paléontologiques de
la carrière de Belmont. La volonté d'établir une
collection de référence s'est concrétisée par la
création du musée Espace Pierres Folles dont Lafarge
est le principal partenaire et mécène. Aujourd'hui
le musée est le seul à présenter une collection
aussi riche et complète du sous-sol et du sol de la
région Rhône Alpes. Depuis la rénovation des lieux,
le musée accueille le moulage du premier ichtyosaure
découvert dans la carrière en 1984.